Le rôle d’une bonne alimentation pour préserver l’autonomie des séniors

1. Introduction

L’alimentation joue un rôle crucial dans la santé et le bien-être des personnes âgées, mais elle peut également avoir un impact significatif sur leur autonomie et leur qualité́ de vie. Dans le contexte du vieillissement de la population, en 2050 la part des plus de 65 ans représentera 28 % de la population française source INED, il est devenu nécessaire de mieux comprendre les liens entre l’alimentation et la perte d’autonomie chez les séniors. Ce sujet est complexe car déterminé par de multiples facteurs : physiologiques, psychosociaux et environnementaux.  🍽

Au fil des années, les seniors peuvent être confrontés à divers défis qui affectent leur capacité à maintenir une alimentation saine et équilibrée. Des troubles bucco-dentaires aux troubles de la déglutition, troubles du goût et de l’odorat, en passant par les affections médicales chroniques et les aspects socio-environnementaux qui peuvent se dégrader, de nombreux éléments peuvent contribuer à la perte d’autonomie alimentaire chez cette population. Comprendre ces causes et conséquences est essentiel pour élaborer des stratégies de prévention et d’intervention efficaces visant à soutenir la santé et le bien-être des seniors. 🩺

Dans cette perspective, ce blog se propose d’explorer en profondeur les différentes dimensions des enjeux de l’alimentation et de la perte d’autonomie chez les seniors.

En analysant les facteurs de risque, les stratégies de prévention et les actions quotidiennes pour maintenir un équilibre alimentaire adapté, nous visons à fournir des informations précieuses pour les seniors, leurs proches et les professionnels de la santé travaillant dans ce domaine.

Source : Opinion Ways

2. Comprendre les causes et conséquences sur la santé

La nutrition des personnes âgées est sous l’influence d’une variété de facteurs qui peuvent exercer un rôle important sur leur état de santé et leur qualité de vie. Appréhender ces causes revêt une importance capitale pour saisir les défis particuliers auxquels les séniors peuvent être confrontés en ce qui concerne leur alimentation.

2.1 Les causes psycho-socio-environnementales

La perte d’autonomie liée à l’alimentation chez les seniors peut-être influencée par divers facteurs psycho-socio-environnementaux. Ces facteurs comprennent notamment des changements dans l’environnement social, comme la perte d’un conjoint ou d’amis proches, qui peuvent entraîner une diminution de l’appétit ou des troubles alimentaires. De plus, des facteurs psychologiques tels que la dépression ou l’anxiété liés à l’âge peuvent également avoir un impact sur les habitudes alimentaires des

2.2 Les Troubles Bucco-dentaire

Les troubles bucco-dentaires sont fréquents chez les seniors et peuvent entraver leur capacité à manger et à mâcher correctement les aliments. Les problèmes tels que les caries, les infections des gencives et la perte de dents peuvent rendre la consommation d’aliments solides difficile et douloureuse, ce qui peut conduire à réduire sa prise alimentaire et engendrer des risques de dénutrition.

2.3 Les troubles de déglutition

Les troubles de déglutition, également connus sous le nom de dysphagie, sont une possibilité chez les personnes âgées qui présentent des  affections, telles que des accidents vasculaires cérébraux, la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques. La déglutition d’aliments solides ou liquides peut devenir complexe, et entrainer des fausses routes. Mal diagnostiqué, avec une mise en place d’une texture des repas trop restrictive, cela peut engendrer des restrictions alimentaires et une perte d’appétit généralisée.

2.4 Les régimes restrictifs

Certains seniors peuvent être soumis à des régimes restrictifs pour des raisons médicales, telles que le contrôle de la glycémie chez les diabétiques ou la gestion des taux de cholestérol chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires ou un régime contrôlé en sodium. Bien que ces régimes ont été prescrits par le passé, la HAS (haute autorité de santé) et la SFGG (société française de gériatrie et de gérontologie) encourage à abandonner ces régimes restrictifs qui entraînent des carences nutritionnelles et une frustration alimentaire, ce qui peut engendrer une diminution de la prise alimentaire et de l’appétit, accroître les risques de perte de poids, et de la fonte musculaire.

2.5 La dépendance dans les actes de la vie quotidienne

La dépendance dans les actes de la vie quotidienne tels que, se nourrir, s’habiller ou se déplacer, peut limiter la capacité des seniors à préparer des repas équilibrés et à maintenir une alimentation saine. Cette dépendance peut être due à des problèmes de mobilité, des troubles cognitifs ou des affections médicales chroniques, ce qui rend essentiel un soutien supplémentaire pour assurer une nutrition adéquate.

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2.6 Les traitements médicamenteux pour les affections de longue durée

Certains médicaments pris sur le long terme peuvent affecter l’appétit, le métabolisme ou l’absorption des nutriments chez les personnes âgées, ce qui peut contribuer à la perte d’autonomie liée à l’alimentation. Les effets secondaires des médicaments tels que les nausées, les troubles gastro-intestinaux ou les modifications du goût peuvent rendre la consommation alimentaire moins agréable et moins satisfaisante . Le décalage de la prise de ces médicaments en dehors des repas, suivant le traitement, et en concertation avec le médecin traitant peut s’avérer intéressant pour limiter les risques d’anorexie liés à cette prise médicamenteuse.

2.7 Affections aiguës pathologies chroniques

Les affections aiguës telles que les infections ou les traumatismes, ainsi que les pathologies chroniques comme le cancer ou les maladies cardiaques, peuvent avoir un impact significatif sur l’appétit et le métabolisme des seniors. Ces conditions peuvent entraîner une perte d’appétit, des modifications du goût ou des difficultés à absorber et à métaboliser les nutriments essentiels, ce qui peut contribuer à la perte d’autonomie liée à l’alimentation.

2.8 Les troubles psychiatriques

Les troubles psychiatriques tels que la dépression, l’anxiété ou les troubles de l’alimentation peuvent également contribuer à la perte d’autonomie liée à l’alimentation chez les seniors. Ces troubles peuvent affecter l’appétit, la motivation à cuisiner ou à manger, et peuvent entraîner des comportements alimentaires inadaptés, tels que la suralimentation ou la sous-alimentation.

2.9 Les maladies neurodégénératives

La maladie d’Alzheimer est la plus fréquente avec environ 20% de la population atteinte après 80 ans en France. Elle touche les fonctions cognitives et exécutives de ces seniors, entraînant une diminution de leur capacité à planifier, préparer et consommer des repas de manière autonome. Ces troubles peuvent entraîner des changements de comportement alimentaire, tels que l’oubli de manger, la perte d’intérêt pour la nourriture ou la difficulté à reconnaître la faim, à ne manger qu’un type d’aliment sur une période plus ou moins longue, ce qui peut conduire à une malnutrition et à une perte de poids et  à terme à des risques de dénutrition.

3. Comment prévenir les risques de santé des séniors avec l’alimentation

3.1 Encourager une alimentation équilibrée et variée

Promouvoir une alimentation équilibrée et variée s’impose pour prévenir les risques de santé chez les seniors. Une alimentation riche en fruits et surtout en légumes, céréales complètes, légumineuses, fruits oléagineux, viandes maigres et produits laitiers avec des ajouts de poissons gras, huile d’olive pour les assaisonnements fournit les nutriments essentiels et nécessaires pour se maintenir en bonne santé et prévenir les maladies chroniques.

3.2 Favoriser les repas sociaux et conviviaux

Les repas sociaux et conviviaux stimulent l’appétit et renforce le bien-être émotionnel et social des seniors. Encourager les repas partagés avec la famille, les amis ou d’autres membres de la communauté peut favoriser une alimentation plus régulière et satisfaisante, tout en offrant un soutien émotionnel et social important.

3.3 Surveiller régulièrement l’état nutritionnel

Il est important de surveiller régulièrement le statut nutritionnel des personnes âgées pour détecter précocement les signes de malnutrition – dénutrition ou de déshydratation. Cela peut être fait à travers des évaluations, réalisées par le médecin traitant, et avec l’expertise d’un professionnel de la nutrition : le diététicien-nutritionniste .  Ce qui permet d’alerter, c’est l’observation des changements dans le poids corporel, l’appétit et les habitudes alimentaires qui peuvent être repérés par les aidants familiaux ou les professionnels intervenants du domicile.

3.4 Intervenir rapidement avant que la dénutrition s’installe

En cas de détection des signes de perte d’appétit et de perte de poids, il est essentiel d’intervenir rapidement en adaptant l’alimentation, en l’enrichissant en protéines et ou en énergie, tout en gardant la notion de plaisir qui est fondamentale ,et en cas d’échec à la reprise du poids, avoir recours à une supplémentation avec des compléments nutritionnels oraux, si ceux-ci ont été prescrits par le médecin. Cela implique de travailler en étroite collaboration avec des diététiciens nutritionnistes qui savent le mieux conseiller les personnes âgées et leurs aidants pour adapter l’alimentation en fonction de leurs besoins et de leurs habitudes alimentaires, en tenant compte de leurs pathologies.

3.5 Collaborer avec des professionnels de la santé

Travailler en collaboration avec des professionnels de la santé, tels que des diététiciens- nutritionnistes, des médecins, des infirmiers et des travailleurs sociaux, permet de mettre en place des outils nutritionnels adaptés aux besoins individuels des seniors. Ces professionnels peuvent fournir des conseils nutritionnels personnalisés, surveiller l’état de santé, la courbe de poids des seniors et coordonner les soins médicaux et nutritionnels nécessaires, mettre en place des aides humaines à domicile, auxiliaires de vie pour l’aide aux repas, aux courses en cas de perte d’autonomie et le portage de repas pour soulager le quotidien et la charge mentale.

3.6 Agir au quotidien pour maintenir son équilibre alimentaire

Il est primordial de mettre en place des mesures concrètes pour améliorer son alimentation et conserver la santé au quotidien. Des actions permettent d’instaurer une routine quotidienne pour les seniors et maintenir leur santé et leur vitalité.

3.7 Planifier des repas équilibrés

La planification de repas équilibrés est essentielle pour maintenir un mode alimentaire sain. Cela implique d’inclure une variété d’aliments riches en nutriments à chaque repas, en privilégiant une alimentation riche en fibres : légumes et fruits qu’ils soient frais, surgelés ou en conserves, céréales complètes, légumineuses, fruits oléagineux, viandes maigres et produits laitiers en ajoutant des poissons gras, comme les sardines et en utilisant des bonnes huiles comme l’huile d’olive, l’huile de colza, l’huile de noix en assaisonnement.

3.8 Adapter ses portions alimentaires en fonction de l’appétit

Il est important d’adopter les portions en fonction de l’appétit et des besoins énergétiques individuels des seniors. Cela peut impliquer de fractionner ses apports alimentaires pour éviter toute saturation de l’appétit. Ceci est différent du grignotage, qui lui, engendre des déséquilibres alimentaires et des risques de malnutrition. Le rythme de la prise alimentaire peut très bien se répartir sur 3 repas principaux et 1 voire 2 collations dans la journée.

3.9 Maintenir une hydratation adéquate

Maintenir une hydratation adéquate en buvant suffisamment d’eau tout au long de la journée est essentiel pour la santé et le bien-être des seniors. Les seniors peuvent être plus vulnérables à la déshydratation en raison de changements physiologiques liés à l’âge, il est donc important de leur rappeler l’importance de boire régulièrement de l’eau car ils perdent la sensation de soif avec l’avancée dans l’âge . Il existe beaucoup d’astuces pour boire sans avoir soif, exemple un yaourt correspond à un verre d’eau, le melon est riche en eau…

3.10 Limiter les aliments riches en sucres ajoutés

Éviter les aliments riches en sucre ajouté car le sucre n’est pas nécessaire à notre santé. Il est même délétère et les dernières études épidémiologiques, le montrent :  impliqué dans les mécanismes de survenue de la Maladie d’Alzheimer chez les personnes prédisposées génétiquement à celle-ci, mais aussi impliqué dans bons nombres de processus inflammatoires. Quand le sucre est trop présent dans les aliments, c’est que le goût et la qualité des ingrédients ne sont pas assez présents. Il existe de nombreuses astuces pour se faire plaisir avec l’alimentation avec des aliments qui contiennent naturellement du sucre mais en quantité plus raisonnable que les produits industriels dits ultra-transformés.

3.11 Intégrer des activités physiques douces et adaptées

Intégrer régulièrement des activités physiques douces, telles que la marche, le yoga ou la natation, peut aider à maintenir la santé générale des seniors et à favoriser un bon métabolisme. L’exercice régulier peut également contribuer à renforcer les muscles, à améliorer l’équilibre et la coordination, et à réduire le risque de chutes et de blessures. L’activité physique est aussi recommandée pour la bonne santé du cerveau.

3.12 Faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité

Ajuster son alimentation en fonction des préférences individuelles, des besoins nutritionnels changeants et de son activité physique est essentiel pour maintenir un mode alimentaire sain chez les seniors. Cela peut impliquer d’explorer de nouvelles recettes, d’essayer de nouveaux aliments ou de modifier les habitudes alimentaires en fonction des besoins et des préférences de chacun.

4. Conclusion

En conclusion, l’alimentation joue un rôle central dans la santé et le bien-être des personnes âgées, et son impact sur l’autonomie des séniors ne doit pas être sous-estimé. Les seniors sont confrontés à de nombreux défis liés à l’alimentation, mais en suivant les conseils des instances nutritionnelles, et avec l’encouragement, le soutien des professionnels de la nutrition, du soin et de l’aidance, il est possible de maintenir un mode alimentaire sain et équilibré tout au long du processus de vieillissement.

En comprenant les causes et les conséquences de la perte d’autonomie des séniors et du risque de leur dépendance culinaire, ainsi qu’en mettant en œuvre des interventions précoces et des actions quotidiennes adaptées, il est possible de prévenir les problèmes de santé associés à une mauvaise alimentation. Il est également essentiel de reconnaître l’importance de la collaboration et de la coordination entre les professionnels de la santé, les aidants et les seniors eux-mêmes, pour promouvoir une alimentation saine en gardant le plaisir de manger en permettant  de contribuer au maintien de leur autonomie tout au long de leur vie.